DWICH-AIDANT, lorsque tu deviens le parent de ton parent !

Chers amis (ies) DWICHS, coincés entre vos parents vieillissants et vos enfants, ce sujet est fait pour vous !

Aujourd’hui en France, on ne compte pas moins de 11 millions d’aidants et 61% d’entre eux travaillent en même temps.

Ce chiffre va continuer d’augmenter dans les prochaines années : 1 français sur 4 sera aidant en 2030 selon l’INSEE.

Pour parler de ce sujet, nous avons rencontré le docteur Vincent Valinducq, médecin généraliste, consultant TV et parrain de la Fondation pour la recherche médicale.

1. A quel moment devient-on le parent de son parent ?

« Je suis un DWICH de 41 ans et je  me suis occupé de mes parents tous les deux gravement malades et décédés cette année.

Pendant des années, j’ai été auprès d’eux : entre ma vie personnelle et professionnelle, cela a été très difficile. Je ne sais pas vraiment à quel moment le tournant s’opère et que l’on devient le parent de son parent.

On avance petit à petit, on fait une étape, une deuxième, puis une troisième, puis on regarde derrière soi et cela fait beaucoup, mais on continue, on n’a pas le choix.

Ma maman avait une maladie précoce, donc je me suis occupé beaucoup d’elle et je me suis retrouvé à lui donner à manger à la petite cuillère, à lui prendre ses rendez-vous chez le médecin, à remplir sa feuille pour les impôts.

Et finalement, ce temps qui passe, on ne le voit pas réellement. Et un jour, on se réveille : on a plein de tâches à gérer en même temps. Et c’est peut-être là finalement la difficulté de ce statut : on se retrouve entre deux chaises. Ce qui est compliqué à comprendre et à gérer. »

C’est avec le recul que l’on prend conscience de l’inversion des rôles : on devient alors, le parent de son parent.

Par rapport au temps qui passe, on prend également conscience que l’on vieillit soi-même et l’on comprend que nous ne sommes plus l’enfant de nos parents.

J’ai été aidant durant 15 ans, depuis mes 25 ans. »

2. Comment définir un aidant ?

1 français sur 4 sera aidant en 2030 selon l’INSEE.

Être aidant, ce n’est pas si simple à définir. Au début, on trouve ça normal d’aider ses parents de manière temporaire : on va faire de petites tâches du quotidien, faire à manger, faire des courses.

Et puis au fur et à mesure, on commence à prendre des rendez-vous pour aller chez le médecin ou pour faire venir les infirmières.

Les demandes successives mises bout à bout, font que l’on devient aidant du quotidien : passer les voir tous les jours, c’est tout le temps et c’est en permanence.

Aidant, ce n’est pas forcément auprès des proches de la famille ou des parents patients atteints de graves maladies. On peut se retrouver aidant sur une période plus courte, de quelques semaines par exemple.

Il y a différents types d’aidants : tout le monde peut l’être à tout moment de sa vie, au début, au milieu, de façon temporaire sur quelques semaines ou de façon permanente sur plusieurs années.

On prend souvent conscience que l’on est aidant lorsqu’on parle beaucoup de ses parents, ou lorsque votre entourage familial ou amical vous le fait remarquer : aider, aider….C’est le mot qui commence à émerger.

On ne se rend même plus compte que l’on dit souvent ou l’on entend souvent le mot “aider-aidant”.Les aidants sont souvent seuls et isolés.

Personnellement, cela a commencé à la maladie de ma maman. Pourtant, je suis médecin et suis sensible à beaucoup d’informations, mais la situation n’a pas été simple à gérer. Moi-même je me suis senti seul. Je ne savais pas trop vers qui me tourner pour trouver de l’aide. On en arrive même à être submergé.

Entre sa vie professionnelle, sa vie personnelle, ses parents à gérer… On a la tête sous l’eau, on se sent seul, c’est très dur.

On n’arrive pas souvent à tout faire rentrer dans le même agenda et c’est l’une des plus grandes difficultés.

En fait, lorsque l’on est aidant, il faut savoir demander de l’aide pour trouver un maximum de solutions afin de nous apaiser.

3. Pourquoi il est si difficile de se faire aider lorsque l'on est aidant ?

Il est primordial de se faire aider, car lorsque l’on vit une vie d’aidant, on se dit : “c’est mon rôle”. J’ai le souvenir d’avoir dit à mon père : “Ecoute papa, il faut que l’on demande de l’aide, il faut faire venir des auxiliaires de vie, des infirmières à la maison pour t’aider. Tu donnes à manger à maman, tu lui fais la toilette…”

Pour mon père, ce rôle était son rôle d’époux. Il aimait énormément sa femme, donc c’était normal qu’il fasse tout cela. Je lui ai dit que maman préférait que toutes ces tâches particulières soient faites par une personne extérieure et pas par lui.

C’est lors de cet échange qu’il a pris conscience qu’une aide extérieure serait bénéfique pour lui, mais en fait pour nous tous.

Cela nous a permis d’être aidés et de pouvoir nous concentrer uniquement sur des moments plus simples avec plus d’échanges, plus de sourires.

On se préserve des moments un peu plus délicats comme faire la toilette ou donner à manger à sa maman. C’est une décision difficile à prendre, mais elle fait du bien.

Aujourd’hui, il existe des aides, encore faut-il réussir à les trouver. Savoir vers qui se tourner.

Il est donc important de ne pas rester isolé et trouver conseil auprès de son médecin, auprès d’associations…

4.Pourquoi prendre la parole aujourd'hui ?

Je suis médecin et j’ai été aidant auprès de mes parents durant plus de 15 ans. J’ai donc décidé d’aider les aidants, car nous sommes 11 millions en France aujourd’hui. C’est déjà énorme et on va l’être de plus en plus.

À un moment donné de votre vie, vous allez sans doute être un proche aidant de l’un de vos amis ou auprès d’un parent. Il est donc important de mettre un coup de projecteur sur les aidants

On peut vite se sentir seul, vite se sentir démuni. Je sais ce que c’est pour l’avoir vécu.

J’ai traversé une expérience personnelle très difficile. On se sent isolé et j’ai eu moi-même besoin d’aide pour m’aider à savoir comment faire pour gérer cette situation. Alors, à mon tour, je me suis dit que je voulais m’investir, essayer de porter un peu la cause et essayer de trouver des solutions.


Alors, cher(e) DWICH, es-tu dans cette situation ? Es-tu aidant de l’un de tes parents ? d’une personne proche ?
Partage-nous ton expérience.

Crédit photo Vincent Valinducq : Thomas Braut et par ordre d’apparition Getty Images

Retrouve le témoignage de Krys Mondet, co-fondatrice de DWICHS dans le podcast quarante, produit par double monde.